Quel est le rôle d’un expert-comptable dans une transmission d’entreprise ?

Un expert-comptable peut intervenir soit aux côtés du cédant, soit aux côtés du repreneur.

Quand il intervient pour le cédant, son rôle est d’évaluer l’entreprise, mais aussi de la préparer pour réaliser la vente dans les meilleures conditions : mettre en ordre les comptes, vérifier que tout est carré d’un point de vue juridique, optimiser l’organigramme pour que les rôles de chacun soient clairs (bien souvent, le dirigeant est omniprésent, ce qui peut fragiliser l’entreprise quand il s’en va), analyser les dossiers des candidats repreneurs...

Quand l’expert-comptable est sollicité par un repreneur, c’est pour analyser les entreprises que celui-ci a repérées : évaluer le prix fixé par le cédant ainsi que le potentiel de développement, valider le business plan, identifier des éléments pour la négociation, et bâtir la stratégie de négociation, voire y participer aux côtés du repreneur…

Dans les deux cas, en plus de l’expertise technique et des compétences transverses indispensables, il y a une importante dimension psychologique, que ce soit pour accompagner un cédant, qui a souvent du mal à “lâcher son bébé”, ou un repreneur, qui se laisse parfois tromper par son enthousiasme…  L’expert-comptable joue souvent le rôle de médiateur ou de coach.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le fait d’accompagner des transmissions d’entreprise ?

Chaque opération est différente et on ne peut jamais savoir à l’avance comment ça va se terminer. Une transmission d’entreprise est une aventure humaine incroyable, dans laquelle beaucoup de facteurs différents entrent en jeu, financiers certes, mais aussi psychologiques… C’est une histoire de rencontre entre un cédant et un repreneur, et tant que la transaction n’est pas signée, on n’est jamais sûr de ce qui peut arriver.

J’aime qu’il n’y ait aucune routine, mais aussi me sentir utile, écouter, essayer de comprendre et lever les blocages… pour permettre aux opérations d’aboutir et que chacun y trouve son compte.  Une transmission d’entreprise réussie permet de préserver des savoir-faire, des emplois, de prolonger une histoire…

Vous avez toujours su que vous vouliez devenir expert-comptable ?

Mon père était expert-comptable et avait créé son cabinet en Charente-Maritime. Mais je n’étais pas forcément sûr de vouloir suivre ses pas. J’ai commencé par faire une école de commerce, puis j’ai travaillé quelques années dans un grand cabinet international. Puis le virus de l'entrepreneuriat m’a rattrapé : j’ai donc décidé de créer la branche parisienne du cabinet créé par mon père.

Aujourd’hui à la tête d’un cabinet de 280 collaborateurs, je me vois plus comme un entrepreneur que comme un expert-comptable.

Comment voyez-vous l’avenir de votre métier ?

Les métiers de l’expertise comptable ont toujours évolué régulièrement, au fur et à mesure des possibilités offertes par le numérique. Plus les années passent, plus on se libère des tâches rébarbatives et chronophages, qui peuvent être réalisées instantanément par des applications. C’est très positif : cela nous permet de consacrer plus de temps à notre rôle de conseil et d’accompagnement des chefs d’entreprise.

Ce qui ne changera jamais en revanche, c’est l’importance des relations humaines, la diversité des rencontres que l’on peut faire. Dans notre quotidien, on peut être amené à interroger aussi bien les équipes opérationnelles sur le terrain que les dirigeants, et travailler avec des petites entreprises comme avec des grandes… C’est très enrichissant, il n’y a jamais de routine !