Et non ! ce n’est pas aussi simple. Aucune difficulté si vous êtes titulaires du diplôme d’expertise comptable (DEC) : vous pouvez demander à être inscrit en tant que commissaire aux comptes, sans être obligés de passer un nouveau diplôme. A condition toutefois que durant vos 3 ans de stage, 2 ans aient été réalisés auprès d’un maître de stage expert-comptable et commissaire aux comptes inscrit et habilité à former des stagiaires, et que vous ayez exercé au moins 200 heures de commissariat aux comptes.

Si c’est uniquement l’audit qui vous intéresse, un autre chemin reste possible : le certificat d’aptitude à la fonction de commissaire aux comptes (CAFCAC), voie directe pour les titulaires d’un master qui souhaitent devenir commissaire aux comptes. Attention, dans le cas d’un master non spécialisé, qui ne vous confère pas 4 UE du DSCG par équivalence, vous devrez passer le Certificat préparatoire aux fonctions de commissaire aux comptes (CPCAC).

La loi Pacte permet cependant pendant 5 ans à compter de sa promulgation (donc jusqu’en mai 2024) aux titulaires du CAFCAC, inscrits dans une compagnie régionale de commissaires aux comptes (CRCC) de s’inscrire à l’Ordre des expert-comptables sans passer les épreuves du DEC, ni d’effectuer de stage d’expertise comptable.

Première différence, fondamentale : l’expert-comptable dépend du ministère de l’Économie et des Finances. Sa responsabilité est civile. Le commissaire aux comptes, lui, dépend du ministère de la Justice. Il se situe à la frontière entre le droit et le chiffre, et engage sa responsabilité pénale lors de la pratique de son métier. Un régulateur veille au bon fonctionnement de l’exercice de la profession, et s’assure que l’indépendance des commissaires aux comptes soit respectée.

« L’expert-comptable, c’est le médecin généraliste, le conseiller privilégié du chef d’entreprise au quotidien » dit Kristell Dicharry, associée Grant Thornton, et présidente de la commission Communication et jeunes et attractivité de la CNCC. Partenaire quotidien de l’entreprise et de son dirigeant, l’expert-comptable établit les comptes dans le respect des normes comptables en vigueur. Il conseille le chef d’entreprise et peut participer à la définition de la stratégie de celle-ci. Expert-comptable est un métier de proximité et de conseil, alors que le commissaire aux comptes n’entretient aucune relation de proximité avec l’entreprise qu’il contrôle.

Le commissaire aux comptes, lui, veille au respect de l’égalité de toutes les parties prenantes de l’entreprise. « En tant que certificateurs des comptes, nous sommes une caution morale » confirme Kristell Dicharry. Son rôle est de vérifier les comptes, de s’assurer que les états financiers reflètent la réalité économique de l’entreprise et sont conformes aux normes comptables en France.

Le rôle de ces deux professionnels au sein de l’entreprise diffère : l’expert-comptable agit dans l’intérêt de l’entreprise, tandis que le commissaire aux comptes agit pour l’intérêt de tous dans l’entreprise, y compris des actionnaires minoritaires. « S’il repère un risque de défaillance, il doit en parler au dirigeant. Il a un devoir d’alerte vis-à-vis du tribunal de commerce, afin de ne pas arriver à des actions de cessation de paiement. »

Autre différence, l’expert-comptable a une obligation de résultat : il doit produire des états financiers, alors que le commissaire aux comptes a une obligation de moyens : il doit s’appuyer sur le contrôle interne mis en place au sein de l’entreprise pour avoir une analyse critique des contrôles.

Alors, audit ou expertise ? A chacun de se faire une idée de sa préférence en début de carrière, sachant que l’on peut aussi… ne pas choisir ! 😉